Ce dimanche 29 avril, ECOLO Braine-l’Alleud conviait les Brainois à un exercice pratique de participation citoyenne à propos du centre-ville. Plusieurs sujets abordés dans le rapport de la « charrette urbanistique » ont été mis en débat. Cette séance de « co-construction » m’a enchanté : elle fut à la fois agréable et fructueuse. Mais quelles sont les conditions pour que ça marche ?
Après une introduction d’une demi-heure sur la charrette urbanistique et son rapport, 6 thèmes ont été mis en débat en parallèle : trois questions précises sur des options discutées dans le rapport (nouvelle avenue Saint-Jacques ; circulation place du Môle et place Baudouin 1er ; liaison place de la Cure – 3 Apôtres – Saint Etienne) et trois thèmes plus transversaux (les circulations ; les aménagements naturels ; la place de la culture).
Six tables, un animateur-rapporteur par table, quatre séquences de 20 minutes : au coup de gong (enfin, au coup de louche sur la casserole) chacun est invité à changer de table. Avec 6 à 8 personnes par table, on n’a pas le temps de tout dire ? C’est vrai, mais on ne bavarde pas et on ne s’endort pas non plus. Quatre séquences pour 6 tables, on n’a pas l’occasion de contribuer à tous les sujets ? En effet, mais il y a une mise en commun à la fin.
Mon expérience de ce dimanche, comme animateur-rapporteur, est très positive. Puisqu’il faut faire des tours de parole assez rapides, cela pousse chaque participant à aller à l’essentiel. Comme on note les idées sur la nappe de papier, chacun en prend connaissance et est conduit naturellement à enrichir ce qui a déjà été dit. Et surtout : grâce à une parole libre et plurielle, dans le foisonnement des idées émises comme dans une mosaïque en train de se faire, une évidence se dessine petit à petit, une solution émerge qui mettra tout le monde d’accord.
C’est une expérience enthousiasmante : la solution trouve sa source dans la diversité des points de vue, et non pas dans le génie d’un seul ou même de quelques-uns. Stimulation et bienveillance, une peu de provocation et beaucoup de respect, ce que nous avons vécu là, comme une démonstration à petite échelle, me laisse rêveur sur ce que pourrait produire toute une collectivité d’habitants qui se mettraient à réfléchir ensemble aux projets qui les concernent.
Les conditions ne seraient certes pas les mêmes : des enjeux plus pressants, des points de vue plus divergents, des groupes potentiellement bien plus grands. Cela demanderait d’utiliser des techniques d’animation et de co-création adaptées, mais elles existent.
En fait, mon expérience de ce type de démarche me conduit à dire qu’il y a quatre ingrédients essentiels pour que ça marche :
- une intention claire, c’est-à-dire une réponse authentique à des questions comme « Qui décide vraiment ? » « Pouvons-nous encore faire une différence ? » « Que ferez-vous avec nos idées ? »
- une information disponible, c’est-à-dire suffisante et adaptée : qui ne cache rien d’essentiel mais qui ne noie pas sous les détails ou le jargon
- des questions précises, c’est tellement plus instructif, et finalement fructueux, de se centrer sur un problème concret, une décision à prendre
- un cadre stimulant et bienveillant, qui invite à s’exprimer, qui laisse la place à l’imagination comme aux arguments, qui veille scrupuleusement à l’égalité et au respect.
Je suis sorti enchanté de cet après-midi et des idées qui ont surgi de cet exercice de participation citoyenne : nous ne les aurions pas eues en restant entre nous, et même si nous avions eu exactement les mêmes, elles n’auraient pas la même authenticité et nous ne pourrions pas les porter avec la même force.
Merci à tous les participants d’avoir montré, une fois de plus, après la journée du 18 novembre sur la même thématique, qu’il est possible de changer la manière de prendre les décisions à Braine-l’Alleud en y associant les habitants qui le souhaitent. Vivement la prochaine occasion !