Nous avons visité deux autres entreprises à vocation sociale issues de la galaxie du Crabe ce lundi 14 avril : Floreco et Agricovert.
La coopérative à finalité sociale Floreco, installée à Jodoigne, a développé toute une gamme de produits et de services au départ de l’arbre. Abattage et élagage, bois de chauffage, constructions en bois, création et entretien de jardins… le dynamisme de cette entreprise est remarquable.
Elle s’est créé des niches dans des domaines parfois inattendus mais dans lesquels sa réputation d’excellence lui permet d’étendre et de fidéliser sa clientèle :
- la lutte contre les plantes invasives où la patience et la méticulosité de ses travailleurs font merveille et assurent des résultats durables, ce qui attire les donneurs d’ordre revenus des propositions alléchantes d’intervenants lourdement mécanisés qui au final font pire que mieux;
- les toilettes sèches, spécialité anecdotique au départ, se développent notamment sous la forme de toilettes sèches mobiles louées pour des foires, des festivals, etc. par des organisateurs soucieux de l’empreinte écologique de leurs événements.
Le directeur, Vincent Kervyn, nous explique que l’un des gros soucis de Floreco est la concurrence de sociétés qui remettent des offres qui « défient toute concurrence », notamment sur les marchés publics. Comment ces sociétés, par exemple les entreprises de jardin de taille industrielle, font-elles pour faire offre à des taux horaires aussi bas ?
On craint que ce ne soit au détriment de la qualité de leur gestion des ressources humaines. En clair : des salaires minimums, des horaires maximums, une rotation importante (les ouvriers ne restent jamais longtemps dans ces sociétés) et une mécanisation à outrance.
Une proposition concrète pour aider les entreprises à vocation sociale dans les marchés publics : renforcer les clauses sociales et environnementales.
Pour que « le moins cher » ne soit pas le seul critère, Ecolo propose d’encourager l’ajout de clauses en faveur de l’insertion socio-professionnelle, par exemple. Les pouvoirs publics pourraient ajouter à leurs cahiers des charges des objectifs supplémentaires comme la formation ou l’insertion de demandeurs d’emploi peu scolarisés ou âgés de 50 ans ou plus, d’apprentis, de stagiaires ou d’apprenants. Dans ce cas, les entreprises d’économie sociale, dont c’est précisément le quotidien, pourront conclure des partenariats ou des contrats de sous-traitance avec des entreprises « classiques » pour, ensemble, remporter ces marchés.
Voir la page 4 du chapitre « économie sociale et coopérative » d’Ecolo.
La coopérative à finalité sociale Agricovert, que nous avons visitée dans ses locaux récemment acquis près de la gare de Gembloux, est bien connue en Brabant wallon : l’asbl prépare l’équivalent de 600 paniers de légumes chaque semaine à destination du Brabant wallon, du Namurois et de Bruxelles.
Vraie coopérative où sont à égalité de pouvoir les producteurs, les consommateurs et les permanents de l’équipe, Agricovert a réussi à fédérer toute une série de maraîchers, plutôt en Brabant wallon et dans le Namurois, mais aussi des éleveurs bio, ce qui est déjà plus rare, lesquels sont plutôt dans les Ardennes.
Légumes bio, viande bio, une épicerie actuellement ouverte trois jours par semaine avec quelques produits très rigoureusement sélectionnés : la coopérative avance dans le développement commercial de ses activités tout en demeurant très attentive à l’esprit de coopération, à éviter les dérives d’un bio désormais à la mode, et à regarder toujours plus loin, plus sain et plus vrai.
D’après Ho Chul Michaël Chantraine, son administrateur délégué, le nouvel horizon d’Agricovert, c’est peut-être un label original, plus authentique que le « bio » et moins anecdotique que le « wallon », mais le vrai défi des années à venir pour les maraîchers bio, c’est assurément l’accès à la terre.
Pour cela, une utilisation intelligente et responsable des terres dont les pouvoirs publics sont propriétaires est une première piste.